Patois NÎmois
Mais alors, c'est qui ?
Cula (abréviation de Herculano) est un jeune homme d’une bonne trentaine d’années. Il a à son actif sept années de pratiques des groupes de randonneurs au Cap Vert mais n’a jamais mis les pieds dans un autre pays. Cela sera source de quelques incompréhensions, dont par exemple sa notion très élastique du temps et des distances : « pas loin, une demi heure » se révèlera être plus d’une heure de marche assez rapide ! Souvent, il n’y a pas moyen d’avoir une réponse précise : « ça coûte combien, le téléphone portable ? » « Oh, c’est cher ! ». Pas très éclairant, comme réponse !
Parmi ses qualités, il y a évidemment sa gentillesse très capverdienne et sa
bonne humeur. Il a aussi une remarquable connaissance de la flore et des
différentes cultures des îles. Il nous renseigne aussi beaucoup sur la façon de
vivre et le niveau de vie.
En revanche, il n’y connaît strictement rien en
géologie, ce qui est vraiment dommage car on est dans une région volcanique très
riche en variétés où il y aurait des centaines de choses à dire, ne serait-ce
que les fameux dykes ou les balcons des anciens cratères, sans parler des
cheminées secondaires que l’on voit un peu partout, des planèzes… L’histoire
n’est pas non plus « son truc » : alors que le Cap Vert a un passé fondé sur le
carrefour vers l’Amérique, l’Afrique du Sud et l’Europe, sans parler bien
évidemment de la place de l’esclavage qui a véritablement façonné l’âme du Cap
Vert, nous n’aurons droit qu’à quelques courtes phrases de sa part. C’est
vraiment dommage car ici, les relations maîtres - esclaves n’ont pas été les
mêmes qu’en Amérique (Etats unis et Caraïbes) : on ne ressent pas un relent de
racisme anti blancs ni aucune animosité contre les occidentaux.
Est-ce dans sa culture profonde ou bien par intérêt personnel, en tout cas il
a souvent privilégié le « local » au « touriste », y compris quand on lui a
demandé de négocier un prix pour des membres du groupe. Il y a même eu un
épisode pas clair sur le prix d’un panier en rotin passé de six euros avant
négociation à sept après son intervention ! Et comme toujours dans ce genre de
pays, il a préféré faire travailler les copains au détriment de notre confort,
cf. le pick-up à Santo Antao qui, à mon avis, aurait dû être un minibus.
Ceci
dit, même s’il est vrai qu’on a tendance à ne se souvenir que des petits ratés,
globalement il a été un bon guide avec lequel on s’est très bien entendu et avec
qui on était content d’être, ce qui au final est l’essentiel puisqu’il n’y a eu
aucun problème grave et qu’il a su résoudre tous les petits incidents
inévitables.
Comme on est dans un pays tropical, on s’attend à voir tout un tas d’animaux ? En fait, mis à part les chiens et quelques animaux domestiques (ânes, poules, cochons et chèvres), il n’y a à peu près rien : très peu de moustiques (ce qui nous évite de s’asperger d’anti-moustiques et de se gratter), aucun animal sauvage à l’exception de tous petits lézards et très peu d’oiseaux, ce qui nous étonne beaucoup car dans les rares forêts ou les bosquets, on n’entend rien. Cela change des grandes forêts autour de Senlis où le bruit combiné des oiseaux et des moustiques produit un bruissement permanent et fort. Plus étonnant encore, on ne verra aucune mouette dans les ports et très peu de pigeons en ville. Il n’y a guère qu’à Tarrafal où, la nuit, on en a entendu !
Il n’y a que deux races de chiens au Cap Vert : ceux qui dorment dans les rues toute la journée, sans se préoccuper le moins du monde de ce qui se passe autour d’eux, même quand on passe à moins de cinquante centimètres, et ceux qui, derrière une clôture ou au dessus d’une maison aboient quand on passe. Mais jamais aucun d’eux ne nous a couru après ou ne nous a menacés. Mais tous ont deux caractéristiques communes : ils sont assez petits (pas de molosses) et souvent bâtards ; et surtout, ils se réveillent le soir pour aboyer toute la nuit ! cela est vrai dans toutes les îles que nous avons vues !
Une des ressources du Cap Vert étant la pêche, on y mange beaucoup plus de poisson que de viande, surtout du thon, de l’espadon et du mérou. L’accompagnement est systématiquement du riz et des frites, avec souvent quelques légumes locaux : patates douces, bananes vertes cuisinées (ça n’a aucun goût), haricots, pommes de terre, quelques carottes… assez souvent sans aucune sauce.
Le plat national est la catchupa, à base de maïs et de haricots en grains et
un œuf sur le plat. S’y rajoutent beaucoup de choses, au gré des moyens de la
famille : viande voire poisson, puis autre légumes ou féculents. On en mange le
soir, mais aussi, pour les Capverdiens, au petit déjeuner ! Il faut dire qu’ils
ne connaissent pas le pain (un truc réservé aux touristes), et pour travailler
une journée dans la montagne, il vaut mieux être « lesté ». Et le beurre est une
denrée trop rare pour en faire son quotidien (normal vu le peu d’élevage).
Dans tous les plats qu’on a eu, il n’y a pas souvent de la sauce, ou bien très
légère. Du coup, le riz est plutôt sec. Contrairement à beaucoup de pays
tropicaux, les épices ne sont utilisées qu’avec parcimonie : pas de plats «
arrache gueule », pas de saveur exotique particulière. Seule exception notable :
la banane flambée, où une couche de cannelle change totalement le goût.
Les fromages sont rares et les desserts très simples, à base de fruits locaux le plus souvent : bananes, mangues, papayes, oranges, pommes, poires…
Pour les Capverdiens, la plus grande partie des boissons semble être l’eau et
le rhum (vu l’aspect de certains, il est difficile de savoir ce qui, des deux,
est majoritaire). Dans le groupe, la consommation de bière (locale) est assez
représentée, surtout chez les Belges. Ce qui m’étonnera toujours, c’est la
consommation de Coca Cola, même dans les maisons et les villages les plus
reculés et les plus inaccessibles. Notre guide nous indique que les packs y sont
acheminés à dos d’homme (par exemple à Forminguinhas).