une masse inébranlable peut-elle ?tre bougée
par une force irrésistible ?
Nous commençons la randonnée assez tôt à partir d’un petit village situé sur un grand plateau très désertique où ne poussent que quelques acacias rabougris et quelques touffes d’herbe. Sur la place, les enfants nous rejoignent et se laissent volontiers photographier. Le plus surprenant, ce n’est pas la truie et ses petits en liberté mais une chèvre installée nonchalamment sur un banc en pierre à l’ombre d’un grand arbre.
Au bout de deux ou trois cents mètres, nous arrivons au bord d’un
canyon profond d’une cinquantaine de mètres et large de deux ou trois
cents. Autant le plateau est désertique, autant le fond du canyon est
luxuriant, rempli de bananiers, de papayers et de cannes à sucre en
fleur.
Avant de descendre, nous laissons passer un gamin avec
deux ânes portant des bidons. Il ne s’agit pas de bidons d’eau mais de
bidons de rhum ! Il faut dire que la production de rhum est une des
principales occupations des îles : toute la production de canne à sucre
y passe (et il y a de quoi faire) et ce n’est pas pour l’exportation !
Vu la qualité du rhum, ce n’est pas très étonnant : que ce soit en rhum
ou en punch, c’est au mieux toujours du bas de gamme par rapport à nos
standards, au pire du rhum frelaté à base de sucre distillé dans des
conditions plus que douteuses. Le rhum est une vraie calamité au Cap
Vert et de nombreux accidents en sont la conséquence directe : chutes en
montagne ou sur les canaux d’irrigation qui servent de chemin,
écrasement des mains et des bras dans les pressoirs à canne à sucre…
Notre chemin serpente sous les arbres et au milieu des plantations puis s’élargit car on est au milieu du lit d’un torrent (à sec sauf pendant la courte saison des pluies). On y verra deux baobabs dont un vraiment énorme, sa circonférence atteignant trente mètres ! Au bout de deux petites heures de randonnée, on arrive au bord de l’océan à Cidade Velha, petite ville qui fut autrefois un marché aux esclaves. Sur la place, quelques vendeurs sénégalais de souvenirs nous sollicitent mais sans nous importuner.
Après le repas dans un petit restaurant au bord le la plage de galets noirs, nous faisons une petite promenade sans grand intérêt le long de la côte avant de repartir vers l’aéroport de Praia où nous prenons un ATR72 à destination de Mindelo dans l’île de Sao Vincente.
De Mindelo, nous ne verrons pas grand chose car nous arrivons de nuit et le temps de s’installer à l’hôtel dans les chambres-appartement puis de manger, nous n’aurons pas très envie de repartir en visite, d’autant plus qu’il faudra se lever tôt le lendemain matin pour prendre le bateau.