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Le massif du Simien

Voila la partie du voyage que je redoute un peu mais qui en même temps est un petit défi : pouvoir faire de la randonnée entre 3200 et 4200 mètres d'altitude. Je le redoutais avant même l'arrivée en Ethiopie mais encore plus maintenant qu'on y est, vue ma forme assez moyenne et mon acclimatation partielle à 2600 mètres dans le Tigré du fait de ma bronchite qui résiste et une gastro larvée qui m'a gâché ces deux derniers jours.

. le Simien Pour l'heure, il faut déjà aller d'Axoum à Debark. La route au départ est particulièrement plate et ne commence à véritablement se tortiller qu'au bout de plus de deux heures à l'arrivée enfin du grand plateau d'Axoum. Elle est bien goudronnée et à nouveau vide de toute circulation de camions, bus ou voitures sauf dans les agglomérations d'une certaine importance. L'explication tient à la suite : la route devient de plus en plus sinueuse et monte et descend de plus en plus, jusqu'au moment où l'asphalte disparaît en une piste encore plus impossible où on se fait secouer sans cesse. Ce qui est très incompréhensible, c'est que cette route est la voie principale nord - sud pour le côté ouest de l'Ethiopie. Un peu comme si l'autoroute Paris Bordeaux était un chemin à tracteurs entre Tours et Bordeaux ! L'inconfort majeur des cahots et de la poussière est malgré tout contrebalancé par les paysages fantastiques faits de ravines qu'on longe voire parfois de crêtes entre deux montagnes qu'on emprunte avec un précipice de plus de 800 mètres de chaque côté de notre minibus. Ces vues d'avion qu'on se rend vraiment compte à quel point le relief est tourmenté car même à 10.000 mètres, on voit clairement les crevasses, les vallées profondes et les plateaux hauts perchés
Debark étant à 3000 mètres d'altitude et malgré la monté pour y arriver, il faut encore aller plus haut pour atteindre le Parc lui-même. Et une fois de plus, on touche du doigt la logique éthiopienne très différente de la notre. Une nouvelle piste flambant neuve est pratiquement finie. Mais nous sommes obligés d'emprunter l'ancienne piste complètement défoncée et qui longe de quelques mètres et croise sans cesse la nouvelle. Cette dernière restera complètement barrée encore un bon bout de temps, le temps qu'elle soit totalement achevée. En attendant, tous les véhicules cahotent et se déglinguent à continuer d'emprunter une piste complètement défoncée. pour ce qui nous concerne, le minibus est plein comme un œuf. Tous les sièges sont occupés (on est dix-neuf personnes), plus les bagages, plus les tentes, plus les tables et les pliants, plus les ustensiles de cuisine, plus la nourriture pour tout ce petit monde pour quatre jours ... et le moteur peine dans les côtes! le Simien
le Simien

Après un rapide repas à Debark, nous récupérons dans la ville ceux qui vont nous accompagner durant ces trois jours dans le massif du Simien : un cuistot, un aide cuistot et un aide à tout faire. Il y a aussi deux rangers du Parc National et un guide. Les deux rangers évoquent un autre monde : étant là pour nous protéger des hyènes la nuit, ils sont armés d'antiques fusils. On sent (au sens littéral du terme) qu'ils peuvent passer plusieurs jours en pleine nature avec très peu de chose avec eux.

 

Après plus d'une heure de ce régime, nous partons pour une randonnée courte de deux heures environ dans le soleil déclinant tandis que le minibus continue vers la camp semi-aménagé de Sankaber. Il nous a déposé à quelques mètres d'un grand groupe de singes. Ce sont des babouins géladas, les seuls singes à vivre en haute altitude - entre 3000 et 4000 mètres - et personne ne se gène pour les photographier. Un peu plus loin, on aura aussi le spectacle de deux antilopes très proches.

le Simien
le Simien
Dans le Parc National, on ne campe pas n'importe où mais seulement dans des camps dits semi-aménagés. C'est à peine moins sommaire que le camping sauvage mais du coup, il y a plusieurs groupes en même temps au même endroit et c'est moyennement agréable. Cela change du Tigré où nous étions tout seul. Mais le massif du Gheralta commence seulement à s'ouvrir au tourisme alors que le Simien est beaucoup plus connu.
Le problème est que la nuit tombe très vite et le froid encore plus. Alors qu'on avait chaud à 16 heures, on grelotte à 19 heures même en ayant sur le dos un coupe-vent, un polaire, un gros pull et une grosse chemise ! Il fait en effet moins de huit degrés et manger dehors par cette température n'est pas simple car tout refroidit instantanément, sauf la soupe qui est la bienvenue. Bien évidemment, on se couche tôt pour se mettre au chaud ! le Simien
le Simien Les nuits sont glaciales et ce n'est pas juste ne tournure de phrase : au matin, l'herbe est blanche là où il y a assez d'humidité pour geler et deux jours plus tard, à 3600 mètres, une cuvette avec deux centimètres d'eau aura complètement gelée durant la nuit ! Même quand le soleil est levé et que la température dépasse dix degrés, le sol craque parfois sous les pieds, là où il reste suffisamment d'ombre entre deux touffes d'herbe pour ne pas être exposée au soleil. Quant aux journée, il fait à peu près bon à condition qu'aucun nuage n'arrive; dans le cas contraire, il faut vite se rhabiller. Curieusement, on ne bronze pas beaucoup même quand on ne met pas ou peu de crème solaire. On aura cependant pris quelques couleurs.
Pour les randonnées elles-mêmes, pas de grosses difficultés: les chemins sont très bien tracés, parfois presque trop avec des passages de mules donc sans problème majeur de pentes trop raides ou de pierriers. Au fil des trois jours, on prends progressivement de l'altitude, de 3200 mètres jusqu'au plus haut à 4 200 mètres. Par rapport à une altitude plus basse, il suffit pour moi de changer de rythme : on marche plus lentement (et pour cela, le guide local nous mène à un pas idéal pour nous autres occidentaux habitués aux basses plaines ou montagnes) et en respirant beaucoup plus rapidement et amplement. On sent quand même l'altitude, via un léger étourdissement ou un essoufflement rapide avec les jambes en coton dès qu'on force un peu, même sur quelques pas. Bien évidemment, les ressentis des uns et des autres sont différents et sont parfois plus intenses. L'une d'entre nous vomira copieusement un matin peu après le départ en randonnée et une autre tombera (avec luxation d'un doigt et choc léger à la tête) après avoir buté sur un caillou, ce qui ne serait probablement pas arrivé plus bas : on perd un peu de ses réflexes et de sa concentration, raison pour laquelle on prend plus son temps que d'habitude dans les difficultés ou les descentes. Personnellement, je suis très content : j'ai été jusqu'à 4200 mètres sans difficultés, ce qui pour moi était quelque part un des défis de ce voyage. Cela efface complètement dans ma tête l'abandon de l'ascension du Teide à 3750 mètres à moins de 100 mètres du sommet au Canaries en 2012. Et comme d'habitude, Corinne n'a eu aucun problème durant toutes les randonnées. le Simien
le Simien D'avoir à respirer un peu plus fort que d'habitude pour marcher a un inconvénient classique mais ici renforcé par l'atmosphère très sèche : on a les lèvres sèches et à moitié gercées. Surtout, c'est la langue et le palais ainsi que le début de la gorge qui sont en permanence desséchés car on doit respirer par la bouche. Même en buvant sans cesse des petites gorgées d'eau, la gène persiste au point de fausser la voix qui ne redevient normale que le soir.
Tout au long de ces journées, on longe les crêtes des montagnes avec un peu toujours la même logique. D'un côté, des pentes assez douces vers le centre des massifs, de l'autre des précipices vertigineux en direction des hauts plateaux. La sensation est curieuse car les hauts plateaux en contrebas sont des montagnes à 2000 mètres. On les domine pourtant de plus de 1500 mètres via des vallées encaissées et ravinées et on a l'impression de les contempler comme vues d'un avion. Si le relief n'est pas aussi à pic que dans le Tigré, les falaises plus que pentues ont couramment plus de 1000 mètres de dénivelé avant de redevenir à des pentes plus classiques. D'une crête à l'autre, à peine distantes de quelques centaines de mètres la vivion change sur les contrebas. Très en dessous de nous, on voit les premiers champs créer des damiers multicolores entre vert clair, jaune paille et brun rouge des champs déjà récoltés. Le seul (très petit) bémol à ces paysages incroyables, c'est la légère brume au loin qui empêche d'avoir une vue sur plus de cinquante kilomètres.
Dans les hauts plateaux depuis le début de notre voyage, nous avons vu des milliers d'animaux domestiques - ânes, chameaux, zébus et chèvres - sur les routes et dans les champs, en ville ou dans les pentes douces des montagnes. A l'arrivée dans le Simien, on verra de grands troupeaux de chevaux puis de mules. Mais le Simien est surtout réputé pour ses animaux sauvages. Le plus mythiques, c'est le babouin gélada et ses grands poils blancs. En fait, seuls les grands mâles en ont, les autres ayant un aspect plus classique. On verra plusieurs groupes de ces primates, certains relativement petits, d'autres constitués de plusieurs dizaines voir centaines de babouins. Ils ne sont pas du tout farouches et on les verra d'assez près. Le petit regret a été au retour quand on a traversé un grand groupe qui se trouvait sur la route. J'aurai aimé qu'on s'arrête pour les voir à moins de deux mètres. Mais les impératifs horaires en ont décidé autrement ce jour-là. Lors de la monté à 4200 mètres, nous en avons vus d'assez près dont une mère et son petit accroché sur son dos à dix mètres de nous. le Simien
le Simien Le deuxième animal mythique du Simien est l'ibex aux grandes cornes incurvées vers l'arrière (de quoi se gratter le dos facilement?). Nous en verrons deux à une centaine de mètres de l'autre côté du ravin que nous longeons, toujours dans notre monté à 4200 mètres. Eux non plus ne semblent pas très farouches. Je regrette une fois de plus de n'avoir qu'un petit appareil photo passe-partout qui ne permet pas de zoomer correctement à cette distance.
Nous serons aussi survolé par des aigles gypaètes qui ont la particularité de ne manger que la moelle des os des carcasses qu'ils peuvent dénicher. Ils les brisent en laissant tomber des pierres. Cela me parait bizarre. D'abord, il faut qu'ils visent juste avec leurs cailloux. Ensuite, il ne doit quand même pas y avoir tant de carcasses de gros animaux que cela pour arriver à se nourrir exclusivement de leur moelle.
Mais nous ne verrons aucun loup d'Abyssinie qui ressemble plus à un gros renard qu'à un loup au vue des photos.
Quant aux animaux domestiques, hormis les habituelles troupeaux d'Abyssinie, nous verrons beaucoup de mules. Ce sont elles qui sont chargées des bagages des touristes. En principe elles ne doivent pas porter plus de 43 kilogrammes et il y a une balance au premier campement pour le contrôle du poids. Mais elles servent aussi à porter les touristes fatigués ou qui ne supportent pas l'altitude et ceux-ci font rarement moins de 75 kg, voire beaucoup plus pour les "gros pères" et les "grosses mères". On verra aussi une mule lourdement chargée s'effondrer au sol et relevé à coup de pieds et de bâtons deux fois de suite. A la troisième chute, le muletier comprendra enfin qu'il y a un problème et déchargera la mule pour quelques instants de repos.
le Simien
le Simien Il n'y a pas que les mules qui soient chargées au delà du raisonnable. On verra aussi un camion ne plus pouvoir redémarrer dans une côte pas plus raide que les autres mais la mécanique semblait à bout de souffle vu l'énorme nuage noir qui sortait du pot d'échappement et qui submergeait ceux qui tentaient de le pousser. Il est vrai qu'on était alors aux environs de 4000 mètres et que le manque d'oxygène affecte aussi les moteurs.
A ces altitudes, l'étagement de la végétation est très marquée. De 3000 à 3500 mètres, on trouve beaucoup de bruyères arborescentes. Elles sont semblables à celles des Canaries à la Goméra, en plus haute altitude. Ce sont de véritables arbres de trois à cinq mètres de haut dont la particularité principale est d'avoir des branches pleines de "barbes", genre de mousse légère qui doit avoir un rôle dans la captation d'humidité. le Simien
le Simien Entre 3200 et 3700 mètres, c'est le règne des lobélia géantes, sorte de gros cactus sur un pied d'un à deux mètres cinquante de haut avec la particularité de ne fleurir qu'une fois tous les vingt ans avec une fleur qui ressemble à une grande tige pelucheuse de deux à trois mètres de haut et vingt centimètres de diamètre. On en verra des champs entiers, piquetant de points verts du plus bel effet les étendues d'herbes rases ou en touffes des pentes intermédiaires. Comme elle ressemble à des cactus, on s'attend à des feuilles dures et piquantes. En fait les feuilles sont souples et très douces au toucher et on les frôle sans en subir de conséquence.
Entre 3500 et 3900 mètres, on trouve des buissons dont les fleurs minuscules ressemblent à celles des chrysanthèmes blancs. Cela colore des zones entières et on ne sait plus où donner de l'appareil photo. On en verra principalement lors de la dernière journée en montant au col de Bwahit. le Simien
le Simien le Simien
un des deux rangers du Parc qui nous accompagne (le fusil sert parfois à tuer les hyènes qui s'approchent du camp) le Simien