Informaticienne débile :
e - conne
L’impression générale qui domine est la gentillesse, la politesse et
l’accueil des Jordaniens. A aucun moment on n’a eu droit à une parole de rejet
et pas même un regard de travers. Au contraire, j’ai eu droit à de petits signes
de sympathie alors que j’étais manifestement un touriste, à l’exemple du bonjour
d’une personne qui montait le grand escalier qui mène à la citadelle d’Amman
alors que nous le descendions, ou bien le « Salam Aleikum » en pleine rue et pas
de la part d’un marchand. Surtout et à plusieurs reprises, les guides locaux
nous ont remerciés d’être venus en Jordanie et nous ont demandés de transmettre
leur message : oui, la Jordanie est entourée par des conflits et doit faire face
à l’afflux des réfugiés venus tant de Syrie que d’Irak avec en plus les
Palestiniens venus de l’actuel Israël qui composent un pourcentage important de
la population. Mais non, il n’y a pas de conflits, encore moins de guerre et
nous n’avons pas vu de présence policière autre que le peu de police touristique
sur les principaux sites. Dans Amman même, il y a beaucoup moins de policiers
qu’à Paris et les bijouteries sont cent fois moins sécurisées qu’en France,
démontrant la tranquillité des rues.
Etant en très grande majorité des réfugiés ou étant hors frontières comme une
bonne partie des bédouins, la tolérance et l’accueil forment de manière visible
les bases de leurs comportements. Plus surprenant, je n’ai pas senti d’hostilité
vis-à-vis d’Israël de la part de nos guides locaux mais je ne sais pas si j’ai
raison ou non.
Sans être riche (et de loin), la Jordanie n’est pas non plus un pays pauvre.
On le voit aux voitures à Amman, aux 4X4 dans le désert qui ne sont pas là que
pour les touristes. Le salaire habituel tourne autour de quatre cents euros,
beaucoup plus que dans des pays comme le Cap Vert par exemple. Si la Jordanie
vit en partie sous perfusion de l’Occident avec l’aide aux réfugiés, elle tente
d’émerger dans un environnement mondial touché par la crise et dont elle subit
les effets. Surtout, elle pâtit des problèmes des pays limitrophes qui font fuir
beaucoup de touristes, source de revenus majeure pour le pays et beaucoup
d’hôtels à Petra sont fermés. Pourtant, le pays est calme et personne ici ne
souhaite un quelconque changement.
Il semblerait que les Jordaniens fassent tout pour détruire le peu qu’ils ont
et ce, depuis longtemps. Ils ont commencé il y a plus d’un siècle en déboisant
massivement les grandes forêts du nord ouest pour fabriquer les traverses d’un
chemin de fer qui, au final, n’aura que peu servi, changeant le climat qui est
devenu beaucoup plus sec et qui n’a pas permis la repousse de la forêt.
Aujourd’hui, en arrosant tant et plus les cultures gourmandes en eau (canne à
sucre, bananes…) ils accélèrent l’appauvrissement en eau de toute la partie
ouest, le savent et… continuent de plus belle !
Si les villes, surtout les
grandes, sont relativement propres, par contre les campagnes et le bord des
routes sont un véritable dépotoir : le sol, sur cinq à vingt mètres, est jonché
de bouteilles et de sacs en plastic qui s’amoncellent et s’envolent dès qu’il y
a du vent, propageant cette lèpre dans tous les recoins, y compris encaissés ou
isolés. Seul le Wadi Rum et l’intérieur de Petra sont épargnés pour ce qu’on en
a vu, mais uniquement parce que ce sont des réserves protégées… et qui attirent
les touristes, apparemment ce dernier argument étant le seul vraiment
convaincant pour faire changer les mentalités.
Je pense qu’on est tombé sur le groupe à peu près idéal, à différents
ponts de vue.
En premier lieu, notre accompagnateur (et guide aussi, même si
la Jordanie impose à tous les groupes un guide local) prénommé Stéphane a
parfaitement géré à la fois le groupe et la logistique : tous les transports,
les guides, les hôtels, les « locaux » (bédouins qui assurent certaines
prestations) étaient à l’heure et tenaient leurs engagements. Pour la gestion du
groupe, les instructions étaient claires et précises, suffisamment répétées mais
pas trop pour que tout le monde comprenne sans être lassant. On a eu des
réponses à toutes les questions, toutes plus diverses les unes que les autres
car portant sur la végétation, le climat, la géopolitique locale, les coutumes
des communautés ou l’histoire. une petite pincée d’humour, beaucoup de petites
attentions (dattes, gâteaux…), l’aide circonstanciée sans les passages délicats
des randonnées ont fortement contribué à la réussite.
Pour le groupe lui-même (treize personnes y compris nous deux), la clé a été l’homogénéité du niveau : pas de traînard qu’il faut attendre un quart d’heure toutes les demi heures, pas de « marathonien » pressé, pas de problèmes dans les difficultés ou dans les longues heures de marche. De même, pas de « grande gueule » qui la ramène tout le temps mais des gens calmes et posés, certains plus causant que d’autres et animant un peu le groupe (on ne fait malheureusement pas partie de ceux-là mais, bon, chacun a son caractère). Tout le monde a été à l’heure (voire en avance) à tous les rendez-vous, quelle que soit l’heure demandée.
Un dernier point, mineur certes, est que personne ne s’extasiait durant des
heures devant les boutiques des marchands, que ce soit dans les villes ou dans
les lieux touristiques. Ayant horreur du lèche-vitrines, j’ai donc éviter ce
genre de corvée !
Je crois bien que tout le monde a apprécié Annie, sa
fraîcheur, sa spontanéité et son merveilleux accent québéquois, ce qui n’empêche
pas que les autres valent aussi d’être connus, avec un bon mélange des régions
d’origine : Vendée, Bretagne, Alpes, massif central..
La Jordanie n’était pas du tout notre destination initialement prévue.
Alors, avons nous apprécié ce voyage ? Oui, absolument. Retournerons nous un
jour en Jordanie ? Probablement pas ? les rasons en sont multiples, la première
de toutes étant qu’il y a bien d’autres destinations à voir et à parcourir
avant, la deuxième étant qu’hormis Pétra et un peu Jerash, peu de choses sont,
de notre point de vue, à visiter ou à traverser à pied, le désert ne nous
motivant qu’assez peu. Le désert fascine ou rebute, nous sommes plutôt dans la
deuxième catégorie, bien qu’on